Les Russes
S'inspirant des oeuvres du début du XXe siècle de Sergeii Prokudin-Gorskii, le pionnier russe de la photographie couleur, Hannah a voyagé en Russie durant l'été 2010, afin d'y capter de petites tranches de vie dans des vidéos et des photographies. Rentrant de ce séjour avec des heures de séquences vidéo et des centaines de photographies, il lui aura fallu plus d'un an pour déterminer une sélection définitive d'images animées et fixes. Ce corpus d'oeuvres se situe quelque part entre les clichés documentaires candides de Robert Frank, les images sciemment mises en scène de Jeff Wall, et les tableaux vivants animant les salons du milieu du XIXe siècle. Adoptant une approche plus libre que dans ses vidéos précédentes, Hannah présente ici des sujets qui ne peuvent se soustraire à la vie, même lorsqu'ils s'efforcent de demeurer immobiles.
écartant l'idée du décor élaboré, afin de privilégier les rencontres spontanées, Hannah est parti pour la Russie avec seuls une caméra, un appareil photo et un modeste assortiment de lentilles. Se déplaçant en voiture, à pied et à bicyclette, il a parcouru Saint-Pétersbourg et la campagne environnante, filmant et photographiant exclusivement à l'aide de lumière naturelle, et utilisant comme modèles les personnes croisées durant ses déplacements. Celles-ci provenaient de tous milieux, les unes approchant d'emblée le photographe, les autres acceptant prudemment de poser. Intervenant le moins possible dans les images, Hannah demandait aux modèles de tenter de se tenir immobiles durant les prises de vue et le tournage, mais en raison de la température torride (c'était l'été le plus chaud qu'avait connu Russie) et de son habileté limitée à communiquer en russe, les regards des modèles erraient souvent, leurs visages et leurs corps trahissant la difficulté de tenir les poses.
Lorsque, il y a cent ans, Prokudin-Gorskii documentait un pays en pleine ébullition, il s'attardait souvent à l'infrastructure et à la technologie – les trains et les usines du début du XXe siècle. Hannah, pour sa part, s'est intéressé aux personnes rencontrées fortuitement durant son périple, et présente ici des moments fuyants, mais étrangement intimes, partagés avec des étrangers dont les postures et les subtiles expressions faciales offrent un aperçu unique de la Russie au début du XXIe siècle.
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Né à New York en 1971, Adad Hannah vit et travaille à Montréal. Il a récemment exposé au Musée Samsung Leeum (Séoul 2011), Prague Biennal 5 (2011), Museo de Bellas Artes (Santiago, Chili 2011), 5e Biennale internationale d'art vidéo au Israeli Centre for Digital Art (Holon 2011), Biennale canadienne au Musée des beaux-arts du Canada (2010), le Musée National d'Art contemporain de Bucarest (2011), Australian Centre for Photography (Sydney 2010), Liverpool Biennale (2010), Aldrich Contemporary Art Museum (2010), le Musée national des beaux-arts du Québec (à l'affiche), le Musée d'art contemporain de Montréal (2008, 2009, 2010), Zendai MoMA, à Shanghai (2009), Galerie Thomas Shulte (Berlin, 2008, organisée par Christopher Eamon).
En novembre 2011, il va dévoiler une nouvelle installation créée en collaboration avec le réalisateur Denys Arcand et commandée par le Musée des beaux-arts de Montréal pour l'exposition Big Bang célébrant le 150e anniversaire du Musée et la nouvelle aile du musée consacrée à l'art canadien.
Adad Hannah : Les Russes
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