Roberto Pellegrinuzzi: Nature morte (fleur)
Pierre-François Ouellette art contemporain a le plaisir de présenter une exposition d'oeuvres récentes de Roberto Pellegrinuzzi. Depuis ses tout débuts, Roberto Pellegrinuzzi se consacre à redéfinir l'image photographique en explorant sa fabrication, ses supports, sa dimensionnalité et ses modes de présentation.
Pour cette deuxième exposition solo à la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, Pellegrinuzzi propose des œuvres dont le sujet naturaliste, entièrement fidèle à sa démarche, n'est pas sans évoquer certains grands photographes du siècle dernier. Intitulée Nature morte (fleur), l'exposition regroupe quatre images de très grands formats dont le traitement et la mise en espace font appel à notre déambulation pour livrer leur contenu. En effet, c'est notre lente et persistante action qui font que ces fleurs deviennent cinétiques et s'offrent à nous.
Chaque image a été réalisée à partir d'un négatif Polaroïd scanné puis traité à l'aide du logiciel Photoshop. Les images sont donc présentées intégralement dans leur version de captation en négatif, sans recadrage. Ces trois étapes se reflètent en quelque sorte dans le mode de présentation choisi puisque l'image est décomposée en trois plans différents qui sont imprimés sur Mylar avec des encres au carbone (évoquant le dessin au fusain) puis montés, chacun, dans son propre châssis. Une fois réunies dans un cadre en frêne sculptural, les trois impressions composent une représentation tout en transparence et en grâce, mais dotée d'une profondeur qui nous attire comme un mirage.
Dans la salle principale, deux images de fleur de courgette et une d'acidanthera (ou glaïeul d'Abyssinie) s'imposent au regard. Curieusement, par leur mobilité factice, les fleurs de courgette s'apparentent à des hybrides mi-humains, mi-végétaux, qui s'animent devant nous dans une sorte de danse légère et inusitée, qui convie l'œil et l'esprit. L'acidanthera semble, quant à elle, être sur le point de s'ouvrir. Dans la petite salle, cette fleur est présentée d'un autre point de vue dans une installation monumentale qui incite à un déplacement encore plus global autour de l'œuvre.
Pellegrinuzzi s'est toujours intéressé à la photographie en tant que trace et substitut de l'absence. Dès ses débuts, il s'est employé à décomposer des images analogiques et à les recomposer sur différents supports pour leur donner une tridimensionnalité fictionnelle, tout aussi trompeuse qu'efficace. Plus récemment, avec le numérique, il a procédé à une autre forme de décomposition en intervenant dans l'image même, en la séparant en réseaux et en empruntant à la géométrie certains motifs. Toujours, c'est à une forme de dématérialisation et de rematérialisation que nous assistons, comme si Pellegrinuzzi était un alchimiste de la photographie à la recherche de la formule qui lui permettrait de transmuter le réel en une réalité autre et pénétrante.
Cette Nature morte (Fleur) nous convie à passer par son illusoire statisme pour découvrir un état volatile et captivant.
- Colette Tougas
12 mars 2012
Notes biographiques:
Né à Montréal en 1958, vit et travaille à Montréal et à Bolton-est.
Depuis 1985, Roberto Pellegrinuzzi a présenté plus d'une cinquantaine d'expositions individuelles au Canada et en Europe. Il a participé a de nombreuses expositions collectives au Canada, en Europe, en Inde, au Mexique. Ses oeuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées dont le Musée des beaux-arts du Canada, Le Fond National d'art contemporain de France, La Maison européenne de la photographie (Paris), le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée d'art contemporain de Montréal, le Musée national des beaux-arts du Québec, l'Hotel Gault (Montréal) et le Crédit Lyonnais. Il a réalisé à ce jour plus d'une quinzaine d'oeuvres d'art public dans le cadre du Programme québecois d'intégration des arts à l'architecture et à l'environnement.