Catch + Release est une installation en deux parties d’œuvres récentes de Joey Morgan. Catch + Release 1 se compose d’une série d’assemblages de tableaux, essentiellement de la mine de plomb, de l’huile et du pigment pulvérisé sur du mylar (chacun faisant environ 180 cm par 76 cm) attachés, à l’aide d’aimants minuscules, à des cadres en fer (5 cm de profond). Catch + Release 2 est une série de brèves vignettes vidéo, soit des regroupements ad hoc d’images disparates qu’accompagne une narration. Une grande projection vidéo d’un feu de camp relie ces deux parties.
Le titre : L’expression Pêcher + Relâcher renvoie à la capture d’un poisson – l’extirper de ses mystérieuses profondeurs – et à sa remise à l’eau – lui permettre de rentrer chez lui. On dit que c’est un geste humanitaire. Il y a là une taquinerie, un leurre et une nette affirmation de pouvoir. On peut aussi l’appliquer à un jeu de séduction ou à une menace politique, ou à la manière dont on essaie de retenir une pensée subconsciente pendant que le corps en état d’éveil vous force à retourner au monde du quotidien.
Les objets : Formels avec le poids de leurs cadres en fer, ils semblent avoir été accrochés un peu trop haut sur le mur. Des fragments de cuivre attrapent la lumière. La surface peut sembler pleine d’énergie, du métal cabossé mais fort, puis provisoire et vulnérable – translucide à certains endroits. Une tension s’exerce alors que les aimants étirent la surface et rattachent les parties les unes aux autres.
Les vidéos : Chacune débute par la même introduction (ai-je déjà vu cela ?) et monte en spirale pour devenir une brève explosion de mémoire exploratoire ou une pensée obsessionnelle. L’espace entre image et texte invite à une nouvelle estimation.
Le feu : Au Vermont, les gens réservent un vieux manteau d’hiver pour le feu de camp; au fil des ans, les étincelles y ont percé des trous. La chaude caresse d’un feu qui brûle pendant toute la nuit, la poussée violente des flammes, la dispersion des cendres – l’esprit se met à errer.
Même si le cadre conceptuel est abstrait, le premier coup de poing est émotionnel. L’échelle et les points d’attache conservent quelque chose du monde analogique ; les écarts en sont toutefois les composantes essentielles, donnant à l’œuvre son souffle. Celle-ci traite peut-être d’une expérience commune à partir d’un point de vue particulier, mais elle est reçue, interprétée et essentiellement modifiée par le visiteur. Si signification il y a, elle réside chez la personne qui regarde. Ces préceptes romantiques perdurent, me semble-t-il, dans l’ensemble de ma démarche.
- JM
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Joey Morgan a réalisé des oeuvres d’art public et des installations multidisciplinaires qui ont été présentées dans des contextes in situ et en galerie aux États-Unis, en Australie, en Europe et au Canada. Elle a représenté le Canada en 1992 à la Biennale de Sydney Biennial et elle a aussi représenté Vancouver en 1996 à la Copenhagen's 96 Containers, Art Across Oceans.
Son travail a fait l’objet d’expositions dans de nombreuses institutions incluant Le Fresnoy à Tourcoing, France; à Passerelle à Brest, France; au Musée des beaux-arts du Canada; au Power Plant et à Mercer Union à Toronto; au Musée d'art contemporain de Montréal, au Centre International d'Art Contemporain (CIAC), à la galerie Optica, et la Fonderie Darling à Montréal; au Walter Phillips Gallery à Banff; à la MacKenzie Gallery à Regina, Saskatchewan, à la Southern Alberta Art Gallery à Lethbridge, à la Vancouver Art Gallery, à la Presentation House, et à la Contemporary Art Gallery à Vancouver.
Des installations majeures de l’artiste figurent dans les collections de la Vancouver Art Gallery, du Musée d'art contemporain de Montréal, à la MacKenzie Gallery à Regina Saskatchewan, à la Ville de Vancouver et à la Banque d’oeuvres d’art du Conseil des arts du Canada.