Entre mer et ciel
… il m'était arrivé grâce à un effet de soleil, de prendre une partie plus sombre de la mer pour une côte éloignée, ou de regarder avec joie une zone bleue et fluide sans savoir si elle appartenait à la mer ou au ciel. -- Marcel Proust
Pierre-François Ouellette art contemporain a le plaisir de présenter Entre mer et ciel, une exposition d’œuvres de Luc Courchesne, Jérôme Fortin et Karilee Fuglem. Le monde naturel y est évoqué de manière inusitée et inattendue.
Luc Courchesne présente une sélection d’œuvres de sa série Rivages, constituée de vidéos de littoraux à travers le monde. Mettant en lumière le flux et le reflux des eaux dans une boucle continue, elles attirent l’attention sur la frontière toujours changeante qui sépare la terre de la mer. La caractéristique lentille hémisphérique de Courchesne est employée ici pour créer des vues circulaires, dans lesquelles il devient impossible de distinguer la terre de l’horizon.
Des bouteilles de plastique rejetées par la voie maritime du Saint-Laurent furent l’inspiration originale des Marines de Jérôme Fortin. L’artiste découpe des bouteilles en plastique en bandes de couleurs ondoyantes et les refaçonne en paysages marins montés au mur. Ainsi, redonne-t-il symboliquement à la mer. Sa série Soleils, des œuvres murales abstraites réalisées à partir de centaines de brins de fils de téléphone entrelacés, est également présentée. Ces œuvres circulaires aux lignes colorées qui en irradient rappellent des corps célestes ou des colonies de vie aquatique.
Karilee Fuglem présente Dérive – une installation éthérée constituée d’un tissage de plus de deux mille mètres de fin fil de nylon suspendu du plafond. Suscitant des images à la fois d’air et d’eau, elle rappelle la brume ou alors un filet de gaze. Fuglem expose par ailleurs une sélection de ses Water Drawings – des feuilles de papier vélin portant les traces légères d’un pinceau ayant trempé seulement dans l’eau. Appliquée à la main en petits cercles, l’eau s’évapore et boursoufle les zones affectées, transformant la surface du vélin en de délicats paysages abstraits texturés.
Chaque artiste d’Entre ciel et mer altère son matériau source afin d’évoquer le monde naturel et d’explorer les frontières qui le définissent. La présentation commune de leurs œuvres propose une interaction entre l’art, les phénomènes naturels et la perception, qui révèle l’ambigüité inhérente à ces limites.