Maskull Lasserre : Fable @ Centre Space (Toronto)

1 Décembre 2012 - 19 Janvier 2013

Fable a été conçu comme une collection d'œuvres unifiées par une approche de soustraction matérielle. Les « images », ou représentations, révélées par ce processus ont pour objet à la fois d'unifier et de réanimer les objets familiers dans lesquels elles ont été sculptées. Ces sujets sculptés sont des manières de spectres; ils sont présents en tant qu'illusions d'une matière manquante, et sont des symptômes d'un objet devenu à la fois moins et plus qu'il ne le fut. Ce sont des métaphores matérielles, et le récit syntaxique qui tisse des liens entre ces objets est une fable.

Par son essence même, la sculpture est un acte humble et honnête. Elle n'a ni secrets ni magie, et ne laisse aucune place à la déception. Une sculpture vit toujours au sein du potentiel naturel de son hôte, et ne peut exister que si la matière consent. Le processus de soustraction a un si grand potentiel précisément en raison de ses origines modestes. Lorsqu'appliquée de façon incisive, cette technique permet l'expression d'une matière « pensante ». L'étrange alchimie de la sculpture transforme le bois de son hôte en des substances fictives d'os, de corde et de carapace.

L'acte est le reflet de l'intention. Mon approche est philosophique, en ce sens que chaque intervention est une suite d'interrogations au sujet de la nature de la matière, de son histoire, de sa raison d'être, et de son potentiel. L'image est une question que je pose à l'objet; l'acte de sculpter lui-même est une dissection visant à découvrir la pathologie de l'intention. Chacune de ces œuvres est une négociation entre la matière et l'esprit. Chacune est le reste d'une conversation; une dialectique matérielle entre le créateur et le créé. Elles existent à titre de preuves d'une paternité partagée entre objet et intention, entre effort et accident.

Le choix d'objets en bois d'une certaine époque pourrait suggérer une sorte de nostalgie ou de désir de l'antique. La solidité physique des objets plus anciens est ce qui les rend si aptes à être sculptés. Leur histoire n'est pas figée dans le temps, et ils participent à notre quotidien actuel tout comme n'importe quel objet fabriqué plus récemment – la seule distinction étant que les couches d'histoires des objets plus anciens leur confèrent une fiabilité qui est à la fois exploitée et subvertie par leurs motifs sculptés. L'histoire de ces choses ayant si bien servi contient un potentiel de conclusions surprenantes. Le péril, l'animation, la délicatesse et la décomposition qui se sont logés dans le bois durant ses multiples usages précédents transparaissent désormais dans mon travail. Je ne cherche pas à illustrer les détails de simples motifs sculptés, mais bien de révéler le mystère, et le potentiel de risque et d'émerveillement que recèle le bois encore intact.