Inscriptions propose un aperçu de l'influence des codes visuels et logiciels sur notre perception. L'information est assemblée, générée ou remaniée durant le processus de formation des images. Qu'elles soient de nature performative ou documentaire, les œuvres sont marquées par la relation entre les données et le sujet, personnel ou médiatisé.
De nature itérative, l'exposition poursuit l'entreprise de mise en exergue des codes de la pratique artistique. Il ressort des "études de mouvements", une suite de dessins qui traduisent, à l'aide d'un logiciel et de l'analyse visuelle, le mouvement de la main de l'artiste lorsqu'il programme, rédige un texte ou utilise les réseaux sociaux. La position exacte des mains est analysée, enregistrée, puis dessinée. L'image abstraite qui en résulte éveille le souvenir de méthodes qu'employaient des artistes au tournant du siècle dernier pour révéler leurs pulsions intimes. Cela s'inscrit en fait dans la tradition des propositions de « flâneur » ou d'« infra-mince » accolées à l'artiste à l'œuvre.
Inscriptions consiste en un ensemble de machines à dessin reliées à une base de données, assemblées afin de dessiner à l'encre dans des « carnets d'artiste ». Elles empruntent l'écriture manuscrite d'écrivains et d'artistes comme Duchamp et Beuys dont la correspondance est aussi réunie et étudiée de manière à produire, sur commande, de nouvelles pages de textes, de notes ainsi que des idées. Mises en réseau, les machines permettent également de transcrire des notes de l'artiste au moyen de caractères manuscrits qui imitent à la perfection son écriture. Les inscriptions faites à l'aide d'une minuscule machine à dessin dans un format aussi intime qu'un carnet ont pour effet singulier de produire presque un double photographique.
Agit P.O.V. (Petit Objet de Vélo) dépend de l'effet de persistance rétinienne (Persistence of Vision ou POV) et s'inspire des tactiques de propagande de l'avant-garde russe (agit-prop), et du projet SpokePOV de Limor Fried (LadyAda). Il suffit d'un simple circuit de 12 LED, d'un microprocesseur, d'un code et d'une pile, installés sur la roue d'un vélo, pour qu'en prenant de la vitesse, les cyclistes illuminent les rues de leurs messages poético-politiques.
AGIT P.O.V. invite les intéressés à prendre part à des ateliers et à des créations de texte dans les rues de nos villes. Nos vélos sont des véhicules à même d'exprimer notre poésie et notre créativité afin d'agiter la ville. Le phénomène POV s'appuie sur la présence résiduelle d'une image sur la rétine le temps de 1/25e de seconde. Le mythe de la persistance rétinienne postule que la perception du mouvement est le résultat de cette persistance rétinienne. Ainsi, les dessins du zoetrope et l'invention par Muybridge de la chronophotographie, lorsqu'il décompose le mouvement d'un cheval au galop, donnent l'impression de la continuité du mouvement. Dans la galerie, trois POVs motorisés montés au mur exposent les textes choisis par les participants d'ateliers précédents.
Les œuvres d'Alexandre Castonguay exploitent les technologies désuètes et les logiciels libres. Ses installations interactives et photographies ont fait l'objet d'expositions solos au Musée d'art contemporain de Montréal, à la Galerie de l'Université Carleton et au Centro de la Imagen au Mexique. Il a pris part à des expositions collectives au Los Angeles County Museum of Art, au Musée canadien de la photographie contemporaine, ainsi qu'à Beijing, Madrid, Berlin et Graz. Professeur à l'UQAM, il est membre fondateur d'Artengine.