Solitudes est un projet rassemblant des centaines de livres transformés puis regroupés en tableaux. Chacune des pages de papier se plie aux gestes répétés que Jérôme Fortin exécute sur elles pour créer un effet saisissant de textures, de formes, de lignes, de sillons et de couleurs découpant l’espace de l’exposition. Roman, cahiers à colorier, bottins téléphoniques, bandes dessinées et cahiers à mots croisés offrent leurs spécificités comme autant de matériaux à manipuler avec toute la régularité et la patience dont requiert la répétition. Par sa méthodologie relevant presque de la méditation, l’artiste se prête à l’esprit de solitude et d’isolement, propre au temps alloué à la lecture, pour ensuite partager avec le public la transformation de ces objets prisés du quotidien vers une composition unique et multiple de grand format.
Le travail de Jérôme Fortin, réalisé à partir d’objets du quotidien et basé sur le concept des cabinets de curiosités du 16e siècle (devant lesquels collectionneurs et curieux d’autrefois se délectaient devant des trouvailles exotiques) remonte à 1996, où il créait de véritables curiosités à partir d’allumettes, bouchons de liège, boîtes de conserves et autres attaches-poubelle. En 2000, l’objet, auparavant ni tout à fait bijoux, ni tout à fait amulette et toujours unique dans sa proposition visuelle laisse place à un travail dorénavant élaboré en séries, où la forme se répète et où les variations touchent principalement les couleurs. Jérôme Fortin s’exerce à répéter les même interventions sur les objets d’une même catégorie, tels que fils de téléphones, livres et bouteilles de plastique, redonnant à l’objet transformé en variations multiples son caractère industriel d’origine.
Les œuvres de Jérôme Fortin ont été présentées dans plusieurs expositions collectives tant au Québec qu’à l’étranger, dont à la Biennale de Montréal en 1998, à la Galerie UQAM en 2000, à Officina America à Bologne en 2002. Il a aussi réalisé une résidence à New York où il devait exposé son travail dans le cadre de l’exposition Growth and Risk – Québec New York 2001, tragiquement interrompue par les événements du 11 septembre. Sa première exposition personnelle au sein du réseau des institutions muséales a présentement cours au Musée d’art de Joliette.
L’artiste tient à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Musée des beaux-arts de Montréal et la Revue Parachute pour leur contribution au projet.
Articles:
- Solitudes- Les œuvres récentes de Jérôme Fortin. Fugues, no5, août 2002. P. 126.