Dana Velan @pfoac221

19 Mars - 16 Avril 2016

Des nuages de poussière et de diagrammes
Par Amanda Beattie (traduction française par Marie-Hélène Lemaire)

Être transporté dans un océan de couleurs, une rafale de mouvement et de lumière; naufragé en une douce tempête, parsemé ici et là, au gré des forces invisibles qui régissent le temps et l'espace. Un petit point parmi des millions d'autres, un cercle irradiant de l'intérieur, à l'image d'une goutte d'eau ondulant dans une mer sans fin. Une expérience qui nous dépasse et qui nous emporte, à la fois chaotique et apaisante, déroutante et limpide.

Tel est l'effet de la série Nebulas de Dana Velan (2014 à 2015). Via ses œuvres, l'artiste crée un espace autre, en marge de ceux qui nous sont familiers, situés dans notre environnement matériel immédiat. C'est un espace au-delà, hors de notre portée. Mais c'est aussi un espace au cœur de nous-même – notre paysage intérieur – que nous pouvons, peut-être, accéder au gré de notre volonté. Tous les mystères de l'univers, enfouis au plus profond de chacun de nous, à l'infini. La connection ultime. L'essence de nos êtres.

La série Nebulas est ici jumelée à une œuvre de la série Legendless (2012). Cette dernière ressemble à un labyrinthe, une carte qui, semble-t-il, ne mène nulle part. Nous pouvons la parcourir, la tracer avec notre doigt. Plusieurs chemins mènent à plusieurs possibilités, nous conduisant vers différents passages étroits et vers des entrelacs de ruisseaux. Pourtant, aucune destination précise ne nous attend. C'est plutôt une sorte de réseau. À la manière de grains de sable qui se rassemblent pour former une plage, ou bien à l'image de particules de poussière qui s'agglutinent pour former des nuages, comme dans la série Nebulas, l'œuvre de Legendless nous donne à voir de minuscules marques noires qui convergent et divergent en de multiples grappes d'activité.

Ces chemins semblent vivants, capables de respirer, ils vont et viennent à leur guise. L'itinéraire ainsi créé ne nous mène pas vers une chose ou un lieu en particulier, le diagramme ainsi formé ne propose pas d'instructions spécifiques à suivre. Ces chemins ne nous guideront pas vers les nébuleuses au ciel ou à l'intérieur de nous. Ils ne font qu'être, à part entière. Ils sont partout et nulle part, tout à la fois.

L'œuvre Legendless nous offre une vue en plongée, privilégiée, qui favorise une réflexion profonde. Avec la série Nebulas, nous sommes à l'intérieur des œuvres, activement impliqués, et nous partageont l'espace avec les éruptions de couleurs. Et malgré ces différences, la série Nebulas et l'œuvre Legendless s'assemblent afin de former une hallucination où nous plongeons avec délectation : là, des réponses nous sont offertes, à des questions que ignorions avoir, via une série de questions supplémentaires.

L'abstraction rythmique formée par les masses explosives de couleurs dans la série Nebulas, combinée au désordre linéaire et aux formes circulaires méticuleusement sculptées dans l'œuvre Legendless, pointe toujours davantage vers le territoire de l'inconnu. Des nuages de poussière et de diagrammes deviennent brumeux et flous. Alors que nous errons au cœur de cette roue cyclique chromatique que Velan fait tourbillonner, un sentiment de vertige nous envahit et persiste.