La galerie est très honorée de présenter le travail des artistes Bob Boyer, Hannah Claus, Wally Dion et Dylan Miner dans le cadre de la cinquième édition de la Biennale d'art contemporain autochtone!
"Tanshi, bonjour, bonjour.
Je suis David Garneau, commissaire de Kahwatsiretátie.
Le titre de la cinquième édition de la Biennale d'art contemporain autochtone, Kahwatsiretátie: Teionkwariwaienna Tekariwaiennawahkòntie, a été offert à la BACA par les Aînés et gardiens de la foi de Kahnawà:ke. Ils ont expliqué à Faye Mullen, qui a endossé le rôle de Ie'nikónirare, que cette phrase évoque l'interdépendance de toutes choses : elle décrit toutes nos parentés comme un cercle ininterrompu qui nécessite notre soutien constant. Les œuvres sélectionnées pour la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain (PFOAC) sont parentes de façon esthétique et conceptuelle. Ces œuvres sont des couvertures ou des cartes abstraites, souvent minimalistes, exprimant une relation ambivalente avec la vie contemporaine.
Dans notre démarche de commissariat, nous avons demandé à des artistes chevronnés de sélectionner d'autres artistes ayant des affinités avec eux. Il pouvait s'agir de membres de leur famille ou de leur communauté, d'étudiants ou de mentors, de toute personne avec laquelle ils se sentent apparentés. Parmi les artistes présentés à la galerie PFOAC, Dylan Miner a choisi Kay Mayer et Graham Paradis (qui sont présentés dans d'autres endroits de la Biennale). Hannah Claus a sélectionné Peter Morin, avec qui elle donnera une performance en l'honneur de feu l'artiste Annie Pootoogook (1969-2016). En suivant ce même fil, j'ai choisi mon propre mentor, le regretté artiste métis Bob Boyer (1948-2004). J'ai également choisi un autre artiste de la Saskatchewan (vivant maintenant dans le nord de l'État de New York), Wally Dion, héritier artistique de l'héritage de Boyer. Les deux sont connus pour leurs couvertures. Boyer a peint ses pensées politiques directement sur des couvertures. Dion récupère les cartes mères pour produire des courtepointes insolites de l'ère numérique. Il semble suggérer que les peuples autochtones sont adaptables. Nous pouvons adopter de nouvelles technologies à nos propres fins, et nous pouvons réutiliser les déchets technologiques à la manière des gens des Plaines qui prenaient soin d'utiliser toutes les parties du buffle.
Les couvertures étaient d'importants articles de traite. Les peuples autochtones avaient accès à des étoffes technologiquement avancées, et les Européens, à des fourrures pour confectionner les vêtements dont ils avaient envie. Cependant, comme le suggère «Small Pox Issue» de Boyer, les Autochtones ont reçu autre chose que ce qu'ils avaient négocié. Dion reprend ce fil. «Ghost Dancer» fait allusion aux cérémonies tenues dans les Plaines en temps de crise, à la fin des années 1800. Souffrant de maladies introduites et de privations infligées par le gouvernement, les peuples des Plaines ont organisé des danses pour hâter l'apocalypse et purifier la terre. Les «envahisseurs» de Hannah Claus se composent de trois couvertures emblématiques de la Baie d'Hudson. Rouges avec de larges bandes noires, elles sont décorées d'épingles argentées disposées pour évoquer la Chaîne d'Alliance. La chaîne d'alliance, explique Claus, «est une série d'accords entre les Haudenosaunee et les Britanniques, représentés par trois maillons d'une chaîne en argent, symbolisant la paix, l'amitié et le respect». Claus reconnaît qu'il y a une ambiguïté : les couvertures commerciales signifient la possibilité d'une mauvaise affaire, comme une guerre biologique ; cependant, elles «fournissent également protection et chaleur. Même aujourd'hui, les couvertures sont offertes en cadeau pour honorer les relations entre les uns et les autres. »
Les œuvres en chine-collé de Claus, «the route ocîcâhk preferred», sont des cartes fantômes, des souvenirs en blanc sur blanc de voyages passés et à venir. Ocîcâhk était Cri, un guide qui a dessiné des instructions pour le père de La Vérendrye, colon et explorateur français, qui voulait se rendre du lac Winnipeg à North Bay en 1723. La version de Claus décrit les espaces négatifs de la carte originale en écorce de bouleau : «lacs, rivières, étangs, montagnes, vertèbres et os de moelle de la terre. Ceux-ci sont dispersés dans l'air car tout ce qui était autrefois connu a changé au fil du temps, perturbé par l'empiètement de la colonisation et de l'économie. »
Dylan Miner explore également les espaces négatifs. Écrivant sur son travail, Ron Platt explique que Miner «sonde les espaces qui existent entre le colonialisme environnemental et nos réalités partagées dans le monde contemporain». Miner s'applique à récolter des plantes, à perpétuer les pratiques d'intendance des Métis. «Terre, ciel, eau // aki, giizhig, nibi» représente une suite d'échantillons visuels de son passage à travers la nature. Peintures mixtes à l'encre, à la teinture, aux minéraux, à la terre, à la fumée, au bitume, au cuivre et au cyanotype sur coton, cette série est une transcription de la nature à partir de la nature. Ces peintures incarnent littéralement ce qu'elles représentent. L'intégration de bitume rappelle l'extraction des ressources. Comme pour les autres œuvres de cette exposition, Miner ne peut pas simplement profiter de la nature et du monde sans prendre acte de l'intervention et de l'exploitation humaine. Il est conscient de son empreinte, de la façon dont nous sommes tous impliqués dans la catastrophe environnementale qui se déroule lentement.
Une certaine ambivalence s'exprime à travers l'exposition présentée à la galerie Pierre-François Ouellette. Les artistes créent des objets magnifiques à partir d'histoires difficiles et de relations toxiques. Et pourtant il y a de l'espoir ici, l'espoir d'une grande résilience, si nous nous souvenons d'où nous venons et où nous devons aller, pour notre mieux". - David Garneau