Pierre-François Ouellette art contemporain est heureux de présenter Conservatorium, une exposition de nouvelles peintures et d'œuvres sur papier de Dil Hildebrand qui examinent la nature et sa représentation. Dans Conservatorium, Hildebrand s'est approprié des images de serres et de jardins botaniques prises lors de ses voyages. Travaillant une fois de plus à l'huile et pour la première fois en gravure, l'artiste applique son langage caractéristique de trompe-l'œil et d'abstraction pour donner un nouveau sens à ces jardins d'intervention humaine.
Les compositions de Hildebrand semblent imiter les structures des serres. Tout au long de l'exposition, on perçoit une version déformée de l'architecture typique des serres : des rails blancs évoquent des cages et des clôtures, séparant le spectateur de la flore de la jungle, trop éloignée pour être touchée. Les tessons qui encadrent les plantes suspendues ressemblent à des éclats de verre, avertissant qu'un geste imprudent peut entraîner une éraflure du bras. Dil Hildebrand modifie ces dispositifs de cadrage architecturaux dans le contexte d'un langage formel familier à la peinture abstraite. Les passages épais évoquent directement le poids viscéral de la peinture elle-même. Les surfaces fortement marquées des tableaux indiquent un processus de fabrication agité ; l'espace et la surface semblent être en conflit physique.
Une fois de plus, nous constatons l'intérêt de Hildebrand pour la capacité des images à toucher notre conscience d'une manière nettement physique. Les peintures, souligne-t-il, "posent la question : As-tu ta place ici ? Où êtes-vous, par rapport à moi ? Les peintures vous placent quelque part ; cet endroit peut être le fruit de l'imagination de l'artiste, ou bien un endroit que l'artiste veut vous faire ressentir comme étant, d'une certaine manière, optiquement réel, et donc lié à votre corps d'une manière physique". Les images de nature photographique soigneusement rendues attirent d'abord le spectateur vers des détails flous. Des panneaux et des hublots semblent encadrer et réorienter les corps qui se tiennent devant eux, sans pour autant leur permettre de le faire confortablement. Ces abstractions, tout en encadrant nos vues sur les jardins d'Hildebrand, font naître le soupçon que la promesse de nature qu'offrent les serres n'est peut-être qu'un lointain mirage, qui s'estompe dans un souvenir flou. Peut-être que le jardin botanique, qui est censé nous rapprocher de la nature, ne réussit qu'à souligner à quel point nous sommes vraiment séparés.