Originaire des Kootenays, en Colombie-Britannique, Loren Williams s'est installée à Montréal en 1993 et a obtenu un baccalauréat en photographie avec spécialisation à l'Université Concordia. Elle a reçu des prix et des subventions des conseils des arts fédéral et provinciaux et a exposé son travail à l'échelle nationale dans le cadre d'expositions individuelles et collectives dans des galeries, des musées et divers sites d'exposition non conventionnels, notamment des cimetières, des parcs, une ruelle, un judas de porte d'entrée, une pharmacie et une gare. Parmi ses récentes résidences d'artiste et les expositions qui y sont associées, citons la Bibliothèque Osler pour l'histoire de la médecine, Université McGill, Montréal (2017-18) ; la résidence d'artiste immersive Adélard, Frelighsburg, QC. (2020) ; Artneuf, Parc Lafontaine, Montréal (2022).
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"Je suis une artiste basée à Montréal qui s'intéresse à l'histoire naturelle et aux premiers procédés photographiques. Mes méthodes de travail empruntent aux domaines de l'archéologie, de la botanique, de la muséologie et à d'autres formes de collecte et de récupération. Mon travail est souvent spécifique à un site et est fortement lié à l'histoire locale.
J'ai commencé à utiliser le procédé photographique sans caméra du cyanotype en 2000, en passant l'été à travailler sur la collection d'oiseaux d'un musée. Au grand étonnement des personnes qui se tenaient à l'extérieur à proximité, je sortais du musée avec un grand spécimen d'oiseau posé sur mon papier photosensible. Je regardais le soleil pour obtenir la meilleure orientation de la lumière, je regardais ma montre, j'attendais l'exposition requise de 5 à 10 minutes, puis je retournais à l'intérieur avec l'oiseau pour terminer l'image cyanotype, en la rendant permanente avec de l'eau. Cela ressemblait à une étrange performance, quelque chose d'alchimique. Des années et de nombreux projets plus tard, je ressens toujours ce sentiment d'émerveillement, en faisant apparaître des images imprévisibles à partir de la lumière, des ombres, de l'eau et du temps.
Une grande partie de mon travail récent est liée à des aspects botaniques et historiques qui se croisent avec des sites actuels. Sur les traces du boisé Papineau, une installation in situ dans le parc Lafontaine, à Montréal, invitait les spectateurs à se promener dans le parc et dans le temps, en découvrant des images peintes de plantes qui existaient 200 ans plus tôt, lorsque le parc était un boisé luxuriant sillonné de petites rivières. Les images au sol de l'installation n'étaient visibles que lorsqu'il pleuvait ou lorsque l'eau était versée sur les différents sites par les spectateurs. L'œuvre s'inspire d'un catalogue-herbier du début du XIXe siècle répertoriant des spécimens de plantes recueillis en 1821-22 sur l'île de Montréal, dont un site appelé le Boisé Papineau, qui est aujourd'hui le parc Lafontaine.
Dans l'exposition Boisé bleu, je continue d'explorer le parc et les premiers bois en réfléchissant à la nature et au temps par le biais d'un procédé photographique cyanotype sans caméra et d'images éphémères révélées par l'eau. Les images cyanotype ont été créées à partir de matériaux naturels collectés, ainsi que créées sur place dans le parc à partir des ombres de plantes vivantes tombant sur la surface photosensible de mon papier. Comme dans la récente installation du parc Lafontaine, des images botaniques sur des formes en béton ont été créées spécifiquement pour cette exposition. Les images deviennent visibles lorsqu'elles sont aspergées d'eau de pluie. Elles disparaissent lorsque la surface sèche et réapparaissent lorsqu'elle est mouillée. Ensemble, les œuvres forment une sorte d'herbier d'ombres.
Évoquant des bassins d'eau et des cieux bleu foncé, les cyanotypes de couleur bleu profond reflètent ces points de vue qui permettent de découvrir la nature en regardant vers le bas et de contempler le ciel nocturne. Un luxe d'étoiles est un ensemble de petites images peintes de quartz et d'autres minéraux. Les images font référence aux aspects géologiques liés au site du Parc Lafontaine. Les formes lumineuses peintes sur un fond cyanotype foncé font également allusion aux étoiles du ciel nocturne et reflètent mon émerveillement devant la lumière des étoiles si lointaines qui sont des vues du passé, il y a des milliards d'années. Les œuvres intitulées Constellation du tilleul font référence aux graines rondes des grands tilleuls qui poussent dans le parc Lafontaine. Les graines tombées au sol ont été recueillies pour créer les épreuves cyanotype où leurs ombres restent, contenues dans les limites du papier, ressemblant à la fois à des vues microscopiques et à des constellations célestes.
Située à quelques pas du parc Lafontaine et disposant de son propre espace extérieur caché et naturel, la galerie et les œuvres du Boisé bleu offrent un écho et une ode au parc et aux premiers bois."