La galerie Pierre-François Ouellette art contemporain est heureuse de présenter "Objet Perdu", une exposition individuelle de Michel de Broin, du 5 mars au 17 avril. «Perdre de vue l'objet permet d'entrer dans le monde inobjectif ou rien ne peut être vérifié ou démontré objectivement. Les faits ne sont plus des faits, les mots n'ont plus de référent, les images sont altérées. L'inobjectivité est un monde libre d'objet donc sans contrainte réelle.»
Pour sa nouvelle exposition, Michel de Broin présente pour la première fois au Canada la sculpture «Dedans dehors» (2002-05) qui animée par la pompe d'un réfrigérateur a le pouvoir de se retourner sur elle-même pour échapper au regard de l'autre. Plutôt que de refroidir l'atmosphère, l'électroménager trafiqué dont les gaz se sont échappés, expire et inspire de la sculpture ramollie par un orifice pratiqué dans le mur de la galerie. La forme anthropomorphique ne se laisse pas mesurer par le regard du spectateur, lorsque celui-ci entre dans l'espace d'exposition, elle s'informe et prend son trou. Elle y restera jusqu'à son départ.
Pour accompagner cette déception, les dessins, «Anthropométrie» (2004) sont proposés pour mieux nous comprendre. Il s'agit en effet de grilles de lecture dans lesquelles des trous ont été percés dans le quadrillage. Si le plan cartésien fût inventé pour mesurer le monde, les trous aux contours mal définis permettent de s'y glisser en échappant au calcul. Enfin, la photographie d'un Nu (1998) présente le dévoilement d'un espace libre qui s'ouvre avec volupté dans une station de métro de la ville de Montréal. Une fine membrane protectrice, déchirée de la surface sensible d'une feuille de plastique, laisse imaginer la nudité comme ce qui échappe au contrôle normatif. L'espace libre ainsi dévoilé s'offre comme une faille dans la normativité, dégagée de toute intentionnalité et de toute signification. «Objets perdus» ne montre presque rien, un nu, des trous et une sculpture molle qui nous échappe. Il y a possiblement un manque ou un gain de liberté lorsque l'objet est perdu, c'est ce que l'artiste tente d'expérimenter dans ce nouveau projet. Pour les remerciements: Jean-Michel Ross, Stéphane Beaulieu, Jacques de Broin, Mike Paten, Eve K. Tremblay, Andreas Baur, Brigitte Morhardt-Ehrlicher, Galerie Villa Merkel, Allemagne.
ARTICLES
Lamarche, Bernard. Le Devoir, "Briser la logique", Édition du samedi 2 et du dimanche 3 avril 2005, E8
Delgado, Jérôme. La Presse, "Traces majeures", Le dimanche 27 mars 2005, p17
Mavrikakis, Nicolas. Voir, "Va-et-vient", 24 mars 2005, p53