Pierre-François Ouellette art contemporain est heureux de présenter les nouveaux travaux de Karilee Fuglem, réunis sous le titre de « connective tissue », du 23 avril au 4 juin 2005. L'artiste sera présente au vernissage le 23 avril de 15 h à 18 h. L'artiste présentera de nouvelles œuvres où elle poursuit son intérêt pour une forme de compréhension matérielle de phénomènes quotidiens non visibles, par exemple les résidus de conversation, la présence persistante de quelqu'un qui vient de partir, ou encore la notion selon laquelle quelqu'un « demeure avec nous » après sa mort.
« M'inspirant de la ténacité des araignées dont les toiles perturbent l'idée que je me fais d'une pièce vide, j'ai réalisé deux sculptures en érigeant lentement une construction à l'aide de fils, selon des systèmes de tissage cumulatif. À partir d'une surface extérieure à peu près de la largeur de mes bras ouverts, la géométrie imprécise, gestuelle, des fils finit par créer un enclos pouvant à peine contenir une personne. Des kilomètres de fil se trouvent ainsi amassés sur une surface équivalente à des bras ouverts. Dans une des sculptures, un fil continu presque invisible a été enroulé et déroulé sur lui-même pour former une colonne lumineuse ; dans l'autre, les fils s'entrecroisent selon un motif de constellation qui s'apparente au grain de la peau, pour créer un noyau élastique de ténèbres écrasantes. C'est la tension qui maintient tout en place, transformant une fragilité autrement insupportable en architecture.
« Les distances méditatives invisibles – où mon esprit erre lorsque je fais ce travail répétitif – ont leur contrepartie palpable dans les longueurs de matériel, nous rappelant que le toucher est "une demeure pour l'intériorité", comme l'écrit Irigaray, rendant ainsi possible la conscience. Mon dévouement envers la tâche – ce travail sur la place laissée par quelqu'un qui est parti – y devient ainsi incarné. Je me perds dans le processus, et à ce moment précis, je suis l'espace, autant que je suis dans l'espace. »
Accompagnant ces sculptures, des dessins montrant des amoncellements de cercles et de lignes ont été laborieusement grattés sur des feuilles de vinyle, déformant subtilement les surfaces lisses, réfléchissantes. Ils s'inscrivent dans la série de « dessins invisibles » que poursuit l'artiste, ainsi qualifiés parce qu'ils posent un défi à la perception visuelle.
« Le moindre changement dans la perception habituelle peut faire prendre conscience des complexités de l'expérience visuelle, mettant en valeur l'aspect physique primaire aussi bien que l'évaluation mentale de l'objet sous considération. Ces derniers dessins témoignent de la réflexion en tant qu'objet : il est impossible de les regarder sans passer par leur exaspérante surface brillante. Enfin, la pièce réfléchie tout autour et la présence physique même du visiteur font nécessairement partie de l'expérience de la réception de l'œuvre. » L'artiste tient à remercier: Louis Barrette, Michael Merrill, Carolyn Oord, Anne Kim, Le conseil des arts et des lettres du Québec and The Canada Council.
ARTICLES
Crevier, Lyne. Ici, Filer l'ange, du 19 mai au 25 mai 2005, p44
Tousignant, Isa. Hour, Artlist, 28 avril, 2005, p18
Redfern, Christine. The Mirror, Look Again, 28 avril - 4 mai, 2005 Vol. 20 No. 44