Dans Trashformations, Jérôme Fortin présente pour la première fois à Montréal trois Marines de grand format qui ont été installées précedemment à ARCO (Madrid) en février 2005. La série des Marines a été développée à Est-nord-est (Saint-Jean-port-Joli) lors d'une résidence d'artiste en 2001.
« Tous les jours, je longe le fleuve depuis Est-nord-est jusqu'au village. Sur mon parcours, je ramasse patiemment toutes les bouteilles de plastiques échouées sur les berges lors des grandes marées du printemps. La présence du fleuve Saint-Laurent m'émerveille, je passe le plus clair de mon temps à regarder ses jeux d'eau, ses vagues et ses marées. Au Centre, j'occupe mes soirées à découper ces contenants multicolores en de fins et longs rubans. J'agraffe ces bandes de plastique directement aux murs de mon atelier en Tondo, forme qui s'apparente à des hublots ou à la mer vue d'une lunette d'approche. Alignées de manière très dense les unes au-dessous des autres, ces bandes de plastique évoquent des vagues mouvementées. Ici et là, les goulots indiquent le nombre de bouteilles utilisées pour chacune des Marines. Selon les différentes textures, formes et couleurs des bouteilles, chacune de ces oeuvres possède ses propres qualités plastiques, la transparence de certaines par exemple, produit un effet similaire au reflet de la lumière sur l'eau. »
Né à Joliette en 1971, Jérôme Fortin vit et travaille à Montréal. Depuis 1996, il a présenté une dizaine d'exposition individuelles principalement au Québec et au Canada. Il a participé à de nombreuses expositions collectives au Québec et au Canada, mais aussi à l'étranger : New York, Bruxelles, Bologne, Dieppe, Berlin. Il a effectué également plusieurs résidences d'artiste, notamment au World Financial Center Arts and Events (New York) et à la Fondation Christoph-Merian (Bâle_. Le Musée d'art de Joliette a présenté Ici et là en 2002, sa première exposition muséale individuelle qui a aussi été présentée au MacLaren Art Center (Barrie) et à la Dalhousie Art Gallery (Halifax). Il a reçu en 2004 le Prix Pierre-Ayot. Ses oeuvres sont dans les collections du Musée d'art contemporain de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée de Joliette, de la Bibliothèque nationale du Québec, de la Ville de Montréal ainsi que dans plusieurs collections corporatives et particulières. Il participe présentement à l'exposition Envers des apparences au Musée d'art contemporain de Montréal.
Michel de Broin
Dans le cadre de l'exposition Trashformations, on retrouve deux œuvres de Michel de Broin présentées pour la première fois à Montréal.
Études (2003) font référence à l'oeuvre Monochrome bleu récemment acquise par le Musée national des beaux-arts de Québec. Dans cette sculpture, le conteneur de déchets est utilisé comme cadre pour la présentation de son contenu : 1649 litres d'eau filtrées et chlorées. L'intérieur est imperméabilisé avec de la matière bleue et un système de pompe et de filtration assure la pureté du contenu. Enfin, des jets puissants stimulent l'expérience sensorielle procurée par le monochrome.
Réparations - Une participation volontaire à la propreté de la ville de Paris (2004) présente une action, documentée sur vidéo, qui consiste à récupérer des bouteilles de boissons gazeuses usagées et trouvées au hasard d'une promenade dans Paris. À l'aide d'un engin balistique « low tech », formé d'une pompe à air, elles seront transformées en fusées et propulsées très haut dans le ciel, provoquant simultanément chez les passants la crainte et le soulagement.
Né en 1970, Michel de Broin vit et travaille à Montréal. Il a terminé sa maîtrise en arts visuels à l'Université du Québec à Montréal en 1997. Ses plus récentes expositions solos ont eu lieu à la galerie Pierre-François Ouellette, Montréal (2005), à La Vitrine, Paris (2003), à la Galerie 44, Toronto (en duo avec Ève K. Tremblay) (2003), à la Villa Merkel, Esslingen, Allemagne (2002) et au Centre des arts actuels Skol, Montréal (1999). De Broin a également participé à de nombreuses expositions de groupe au Canada et en Europe, dont Damage Control (2003), au Musée canadien de la photographie contemporaine, Ottawa, Vaguement Radical Vaguely (2003) à la Galerie Nationale, Sofia, Bulgarie, La demeure (2002), à la galerie Optica, Montréal et Artefact (2001) sur le canal Lachine, Montréal. De plus, l'artiste a inauguré en 2003 Révolutions, une œuvre d'art public située dans le parc Maisonneuve-Cartier, à Montréal. Michel de Broin est récipiendaire du Prix Pierre-Ayot 2002
Karilee Fuglem
« En 1997, j'ai créé Fluff, une série de photographies que j'ai agrandies juste au-delà de ce que me permettait le négatif afin de rendre la lecture des images plus difficile….trois moutons de poussières et un nuage. Ces petites boules deviennent encore plus pelucheux par le processus photographiques et rappellent des formes extra-terrestres, des insectes ou des cicatrices. More Fluff (Particular) célèbre encore une fois l'humble mouton de poussière, mais cette fois-ci en couleur et en utilisant un procédé numérique qui joue sur la dispersion des pixels au lieu du grain photographique. Prises avec un simple appareil photographique numérique, ces traces du domestique que l'on retrouve partout sont agrandies au-delà des normes acceptées de résolution. Leur présence est magnifiée et elles prennent une dimension autre que ce que l'on retrouve habituellement sous le lit. Le procédé d'impression au jet d'encre disperse encore davantage les particules qui composent ces images et nous met au défi d'appréhender microscopiquement l'image. On se sent pris par les cajoleries de ces moutons même si on ne connaît pas grand-chose d'eux. »
Originairement de la Colombie-Britannique, Karilee Fuglem vit et travaille à Montréal depuis 1989 où elle a complété une maîtrise en arts visuels à l'Université Concordia. Elle a eu de nombreuses expositions au Canada durant les derniers 10 ans et tout récemment elle figurait dans l'exposition Avancer dans le brouillard au Musée national des beaux-arts du Québec (2004-05) et l'an dernier à la Edmonton Art Gallery dans l'exposition Sense et à la 2ème Manif d'art de Québec en 2003. Cette année-là, Oakville Galleries présentait une exposition individuelle de son travail. Son « breathing wall » fut présenté à la 1ere Biennale de Montréal en 1998 et « Languor » dans l'exposition De Fougue et de passion au Musée d'art contemporain de Montréal. Fluff (1997) fait partie des collections permanentes du Musée d'art contemporain de Montréal et a été présentée récemment dans l'entrée principale du Musée.
Louis Joncas
Détritus, de Louis Joncas, est un projet de longue haleine qui comporte à ce jour plus de cent images de grandes dimensions. Le titre Detritus n'est pas une métaphore : pour créer ses natures mortes, Joncas a photographié des ordures et des débris ménagers parfois si abjects et négligeables qu'on peut difficilement les qualifier de « choses ». Dans sa façon d'aborder sa matière, Joncas renvoie à deux sphères visuelles distinctes : le thème des vanités en peinture et le langage des panneaux publicitaires. CV ciel variable a publié sur cette série un important portfolio dans son numéro 64 en juin 2004. Récemment des œuvres de la série étaient présentées à La Manif d'art de Québec et dans l'exposition La vie immobile à la Galerie d'art d'Ottawa. Il s'agit de la première présentation de ces œuvres à Montréal.
« Mon travail est le reflet de ce désir fondamental de trouver et de créer du sens dans ma vie. Il résulte d'un questionnement des réalités auxquelles je me trouve confronté. Cherchant par-delà la surface des apparences, mes photographies sont des investigations philosophiques de la vie et des forces du temps. À travers la photographie, je réfléchis aux états de matérialisme et de transcendance, de vie et de mort. »
Né à Winnipeg en 1959, Joncas a obtenu son B.A. en arts visuels de l'Université d'Ottawa en 1994 et sa maîtrise en arts visuels de l'Université Concordia en 2004. Ses œuvres se retrouvent, entre autres, au Musée canadien de photographie contemporaine, au Musée des beaux-arts de Montréal, au Musée des beaux-arts du Canada, à la Galerie d'art d'Ottawa et à la New Orleans Museum of Art.
ARTICLES
Crevier, Lyne. Ici, Triage à sec, July 14 - July 20, 2005, p44
Redfern, Christine. The Mirror, Heaps of steaming art, June 9 - June 15, 2005, p33
Delgado, Jérôme. La Presse, Du recyclage en quelque sorte, July 3, 2005, p6