Bien qu’appréciées des artistes, les techniques de l’aquarelle, de la gouache et du lavis à l’encre ont été peu considérées par la critique du xxe siècle. Même le regain d’intérêt pour les pratiques du dessin, au début des années 1990, n’a pas su élevé le statut de ces techniques dites « traditionnelles » qui, dans les écrits sur l’art contemporain, ont été régulièrement reléguées à la périphérie de la peinture et du dessin.
Or, comme en témoigne la production présentée dans Frontières fluides, les artistes d’aujourd’hui tirent parti du statut « centre-gauche » de l’aquarelle, de la gouache et du lavis à l’encre (et désormais du jet d’encre), réalisant tranquillement des œuvres qui s’affirment en marge des « grandes » disciplines. De l’imagerie érotique, des représentations de pensées intimes et des scènes oniriques accompagnent ici des expressions de violence et de frayeurs culturelles. Réalisés avec finesse, de subtils portraits d’identités fragiles et d’excursions imaginatives dans le passé sont présentés sur papier, tandis que d’autres œuvres s’aventurent par-delà l’espace pictural pour prendre forme dans l’espace tridimensionnel, ou sont transformées au moyen de la performance.
Frontières fluides célèbre des œuvres d'art qui passent, sans efforts, entre avant-plan et arrière-plan, entre espace négatif et positif, entre couleur et ligne. Avec des œuvres présentant un éventail de sujets, correspondant à une variété de genres, et réalisées à l'aide de diverses techniques, l'exposition met également de l'avant des pratiques qui explorent les frontières poreuses entre disciplines artistiques.