Pierre-François Ouellette art contemporain Toronto est fier de présenter une exposition solo de nouvelles photographes de Chih-Chien Wang.
"Ce que tu as trouvé existe seulement dans un autre monde" transcende subtilement le regardeur, créant chez lui la sensation de ne pas avoir de langue – où le familier devient indicible, inconcevable, inconnu – un monde sans mots, riche de fantasmes visuels. L’épitaphe du modernisme du début du 20e siècle est peut-être de dire le non vu, d’encapsuler, sans langage, un autre monde. L’essai photographique récent de Chih-Chien Wang met l’emphase sur l’altérité du modernisme, tout en faisant fi du stoïcisme de sa régulation et de sa catégorisation historique.
Cela dit, ces œuvres précisément choisies et collectionnées ne tentent en rien de mettre au défi ou de contourner le langage; elles demandent simplement au regardeur de voir, d’habiter, un moment, là où nous prétendons être. Une récolte bien placée happe la neige, troque le sol contre le ciel, un chou sublime fraîchement coupé s’étend au-delà de son naturalisme et de la surface du plan de travail pour rassembler toute la splendeur d’une calotte glaciaire qui fond; une orange est galvanisée en cœur menu, et une grappe de raisins, ceuillie, mangée, puis exposée en tant que petit arbre contre une ligne d’horizon découpée dans du papier, saisit notre attention, la faisant voyager de l’ordinaire au spectaculaire, du ne rien voir à voir des appogés dans le spectacle et dans la condition de spectateur du… futile en apparence.
Nous ne sommes jamais trompés par les objets; ils demeurent tels qu’ils sont. Leur jumelage implicite avec l’au-delà est présenté comme étant complice et apparent. C’est dans c’est espace spécifique du jeu, où l’acteur (l’artiste) agit à la fois comme producteur, réalisateur et caméraman, poussant du coude (à peine), que l’œuvre de Wang transforme des actes quotidiens en une forme de spectacle complexe – avaler, couper et marcher jouent avec pudeur et questionnent la quête du regardeur pour le plaisir rusé et la consommation extravagante.
La condition de spectateur nous rappelle ce que peut être aussi le corps humain : des yeux rusés et égoïstes et la capacité de produire des œuvres pour spectateurs mega hollywoodiens (avec des mains, des jambes, du muscle et des esprits). Or, les spécimens géologiques et usés par la terre que nous présente Wang attirent notre attention sur la sphère qui tourne sous nos pieds, se moquent sans mots de l’égocentrisme, du besoin de nommer, d’acheter, d’économiser, de vendre, d’utiliser, et de peiner, de la même façon que les images elles-mêmes soulignent la beauté de l’inutilité.
- Margaret Haines
La galerie tient à remercier la SODEC pour son soutien.
__
Chih-Chien Wang est né à Taïwan et réside à Montréal depuis 2002, où il a complété une maîtrise en arts plastiques à l'Université Concordia après des études en cinéma et en théâtre à la Chinese Culture University à Taipei, Taiwan. Il a été nommé professeur adjoint en photographie à l'Université Concordia en 2018. Parmi ses expositions personnelles récentes, mentionnons la Kunstlerhaus Bethenien (2016), la Art Gallery of Mississauga (2015), la Fonderie Darling à Montréal (2015), Expression à Saint-Hyacinthe (2014), le Musée régional de Rimouski (2013), le Musée des beaux-arts de Montréal (2012) et plusieurs expositions collectives, notamment à la Kamploops Art Gallery (C.-B.), à la Justina M Barnicke (U de Toronto), à la Jack Shainman Gallery de New York, à la Triennale du Québec au Musée d'art contemporain de Montréal, au Musée des beaux-arts du Canada, à la Leonard and Bina Ellen Art Gallery à Montréal, à la Zenith Gallery à Beijing, au Musée de l'Elysée à Lausanne en Suisse.
Les œuvres de Wang font partie d'importantes collections telles que celles du Musée d'art contemporain de Montréal, du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts du Québec, du Musée des beaux-arts du Canada, d'Hydro-Québec, de la Banque Nationale du Canada, de la Banque Royale du Canada, de la Banque TD, de Giverny Capital, de la Caisse Desjardins, de la Caisse de dépôt et placement, du Musée de l'Elysée, du Groupe financier BMO, des Affaires mondiales Canada et du Conseil des Arts du Canada.
Le Conseil des Arts du Canada a décerné à Wang le Prix du duc et de la duchesse d'York 2017 en photographie et il est l'un des finalistes du Prix Louis-Comtois 2018 de Montréal, qui sera annoncé prochainement.