
Caroline Boileau
Je n’ai pas cherché, j’étais chercherie #68, 2020
aquarelle sur papier / watercolour on paper
5 1/8 x 5 1/8 "
13 x 13 cm
13 x 13 cm
$ 500 (non encadrée / unframed)
Je n’ai pas cherché, j’étais chercherie* 'Débuté le 1er janvier 2020, je revisite par le dessin des centaines de photos accumulées sur mon téléphone suite à des voyages et à...
Je n’ai pas cherché, j’étais chercherie*
"Débuté le 1er janvier 2020, je revisite par le dessin des centaines de photos accumulées sur mon téléphone suite à des voyages et à des projets de résidences, des visites dans différents musées et collections, ici et à l’étranger. À cette collection d’images s’ajoutent depuis 2022 les dessins de mes rêves et autres improvisations.
Voilà déjà plusieurs années que la question revient dans mes carnets de pratique : comment faire sortir mes images de références des écrans du téléphone ou de l’ordinateur pour les avoir à la fois sous les yeux et sous la main? Une fois la question posée, toutes les autres sortent en rafale : Comment me rappeler ces lieux et objets de façon durable ? Comment les faire ressurgir, percoler jusqu’à la surface du présent? Comment travailler à créer des liens puis des ponts entre toutes ces choses expérimentées et vues ? Comment faire pour ne plus les oublier dans cette boue visqueuse et virtuelle, terrible machine à effacer?
Une photo à la fois, j’essaie de me rappeler pourquoi la photo a été prise, dans quel lieu, dans quel contexte, quelles autres ‘choses’ étaient présentes tout autour mais invisibles sur la photo, quel était le lien avec le travail d’atelier en cours à ce moment précis? Puis… faut-il dessiner tous les éléments sur la photo ou déjà faire des choix ? Faut-il repenser la composition, les couleurs, les ombres, la relation des éléments entre eux ? Faut-il déjà opérer des transformations ou plutôt rester fidèle au document photographique ? Pour chaque transposition de la photo vers le dessin, les questions se répètent mais les réponses trouvées sont toujours neuves. J’essaie d’aller au bout de chaque image pour voir se qui s’y trouve réellement et ce que j’y trouve enfin.
Les photographies sont choisies au hasard. Pas de liens chronologiques entre elles, pas de direction conceptuelle entre l’une et l’autre. Chaque dessin pousse différemment. Certains sont à croissance rapide et ne demande qu’un geste vif tandis que d’autres sont faits de lentes couches de sédimentations qui sèchent, se superposent et s’interpellent sur plusieurs jours. Une fois dessinées, ces images m’appartiennent pour toujours et ne peuvent plus être oubliées. Elles sont passées à travers le filtre de mon corps : de l’œil vers la main en longeant nerfs, neurones et os, en risquant l’absorption avec glaires, sangs et sucs. Une fois le dessin jugé satisfaisant (intuition plutôt qu’analyse), la photo est effacée pour toujours, sans remord ni regret (mettre dans la poubelle, vider la poubelle, faire de la place). Au dos de chaque dessin, je consigne soigneusement les quelques informations dont je me souviens : date et lieu, contexte, ressenti. J’inscris en rouge un numéro qui s’avère utile lorsque j’essaie de les rassembler en familles pour en faire sens autrement
Ces ‘tableaux’ constitués d’images hétéroclites mais ‘sœurs’ me font repenser et revisiter
l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg dont j’avais vu certains assemblages à New York en 2016. Constituée dans la période de l’entre-deux guerres, cette formidable collection de formes culturelles transculturelles et anachroniques est un atlas visuel. Aucun texte ne vient valider, commenter ou expliquer ce qui est donné à voir. L’expérience de voir ces formes ‘revenir’ d’une culture à l’autre, d’une période à l’autre, est puissante et exigeante. Il faut y mettre du temps, beaucoup de temps." -C.B.
*Le titre de ce projet est tiré du l’essai Entre l’écriture d’Hélène Cixous, paru aux Éditions des femmes en 1986
____________________________
"Petite sculpture de marbre dessinée sans le socle, vue à l’exposition Chefs-d’œuvres de Liège au Musée des beaux-arts de Liège en Belgique en 2019."
/ "Petite sculpture de marbre dessinée sans le socle, vue à l’exposition Chefs-d’œuvres de Liège au Musée des beaux-arts de Liège en Belgique en 2019." -C.B.
"Débuté le 1er janvier 2020, je revisite par le dessin des centaines de photos accumulées sur mon téléphone suite à des voyages et à des projets de résidences, des visites dans différents musées et collections, ici et à l’étranger. À cette collection d’images s’ajoutent depuis 2022 les dessins de mes rêves et autres improvisations.
Voilà déjà plusieurs années que la question revient dans mes carnets de pratique : comment faire sortir mes images de références des écrans du téléphone ou de l’ordinateur pour les avoir à la fois sous les yeux et sous la main? Une fois la question posée, toutes les autres sortent en rafale : Comment me rappeler ces lieux et objets de façon durable ? Comment les faire ressurgir, percoler jusqu’à la surface du présent? Comment travailler à créer des liens puis des ponts entre toutes ces choses expérimentées et vues ? Comment faire pour ne plus les oublier dans cette boue visqueuse et virtuelle, terrible machine à effacer?
Une photo à la fois, j’essaie de me rappeler pourquoi la photo a été prise, dans quel lieu, dans quel contexte, quelles autres ‘choses’ étaient présentes tout autour mais invisibles sur la photo, quel était le lien avec le travail d’atelier en cours à ce moment précis? Puis… faut-il dessiner tous les éléments sur la photo ou déjà faire des choix ? Faut-il repenser la composition, les couleurs, les ombres, la relation des éléments entre eux ? Faut-il déjà opérer des transformations ou plutôt rester fidèle au document photographique ? Pour chaque transposition de la photo vers le dessin, les questions se répètent mais les réponses trouvées sont toujours neuves. J’essaie d’aller au bout de chaque image pour voir se qui s’y trouve réellement et ce que j’y trouve enfin.
Les photographies sont choisies au hasard. Pas de liens chronologiques entre elles, pas de direction conceptuelle entre l’une et l’autre. Chaque dessin pousse différemment. Certains sont à croissance rapide et ne demande qu’un geste vif tandis que d’autres sont faits de lentes couches de sédimentations qui sèchent, se superposent et s’interpellent sur plusieurs jours. Une fois dessinées, ces images m’appartiennent pour toujours et ne peuvent plus être oubliées. Elles sont passées à travers le filtre de mon corps : de l’œil vers la main en longeant nerfs, neurones et os, en risquant l’absorption avec glaires, sangs et sucs. Une fois le dessin jugé satisfaisant (intuition plutôt qu’analyse), la photo est effacée pour toujours, sans remord ni regret (mettre dans la poubelle, vider la poubelle, faire de la place). Au dos de chaque dessin, je consigne soigneusement les quelques informations dont je me souviens : date et lieu, contexte, ressenti. J’inscris en rouge un numéro qui s’avère utile lorsque j’essaie de les rassembler en familles pour en faire sens autrement
Ces ‘tableaux’ constitués d’images hétéroclites mais ‘sœurs’ me font repenser et revisiter
l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg dont j’avais vu certains assemblages à New York en 2016. Constituée dans la période de l’entre-deux guerres, cette formidable collection de formes culturelles transculturelles et anachroniques est un atlas visuel. Aucun texte ne vient valider, commenter ou expliquer ce qui est donné à voir. L’expérience de voir ces formes ‘revenir’ d’une culture à l’autre, d’une période à l’autre, est puissante et exigeante. Il faut y mettre du temps, beaucoup de temps." -C.B.
*Le titre de ce projet est tiré du l’essai Entre l’écriture d’Hélène Cixous, paru aux Éditions des femmes en 1986
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"Petite sculpture de marbre dessinée sans le socle, vue à l’exposition Chefs-d’œuvres de Liège au Musée des beaux-arts de Liège en Belgique en 2019."
/ "Petite sculpture de marbre dessinée sans le socle, vue à l’exposition Chefs-d’œuvres de Liège au Musée des beaux-arts de Liège en Belgique en 2019." -C.B.
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